On ne peut pas la manquer. Tout comme la cathédrale, la chapelle des jésuites s’impose dans le paysage audomarois avec son profil massif, ses deux tours, sa façade baroque à niveaux et sa couleur brique. Cette « chapelle », s’apparentant plutôt à une très grande église, fut édifiée au début du XVIIème siècle, au cours de la guerre des religions entre catholiques et protestants. Désacralisée, la chapelle des jésuites de Saint-Omer constitue aujourd’hui un équipement accueillant des expositions, des concerts et autres évènements culturels.

A noter que cet édifice religieux audomarois est également surnommé par la population locale « chapelle du lycée ». Edifiée rue du lycée, cette église était effectivement dédiée aux collèges jésuites wallons et anglais établis en ville durant la Renaissance.

Histoire de la chapelle des jésuites

Au XVIème siècle, soit au début de la Renaissance, l’Europe est secouée par les guerres de religions. L’église protestante émerge, tandis que l’église catholique cherche elle-même à se réformer, ce qui sera chose faite avec le concile de Trente. Cette même église catholique cherchera à contrer par tout moyen la montée du protestantisme et fera pour ce faire appel à la compagnie de Jésus, également appelée compagnie des jésuites, fondée par Ignace de Loyola. C’est dans ce contexte qu’un collège jésuite et sa chapelle seront fondés à Saint-Omer. La capitale audomaroise deviendra ainsi un bastion majeur de la contre-réforme.

Arrivée des jésuites à Saint-Omer

Dans ce contexte mouvementé, le premier évêque de Saint-Omer, Gérard d’Haméricourt, fit appel aux jésuites de Wallonie afin que ces derniers installent un collège à Saint-Omer. Celui-ci sera établi en 1566 et remplira une mission stratégique : enseigner aux plus jeunes les valeurs catholiques tout en les diffusant à travers toute la population, notamment via le vecteur de l’Art, comme le théâtre. Ce collège jésuite est aujourd’hui en partie occupé par le lycée Ribot et la bibliothèque d’agglomération qui s’est installée dans l’ancien internat du collège.

Construction de la chapelle des jésuites de Saint-Omer

Le collège jésuite wallon comportait dès ses débuts une chapelle qui s’avéra vite trop petite. D’où le projet de construction d’une église plus vaste. Celle-ci sera construite entre 1615 et 1640, au cours du conflit franco-espagnole qui retarda la finalisation des travaux. L’église jésuite sera consacrée en 1636, soit 4 ans avant la fin de construction.

Cette belle église baroque, œuvre de l’architecte jésuite Jean Du Blocq, fut édifiée à proximité du collège wallon, mais aussi du collège jésuite anglais établi un peu plus tard.

La fin d’une époque

La compagnie de jésus sera démantelée en 1763 et quittera le territoire français. Elle servira d’église jusqu’à la révolution et fut ensuite désacralisée. Le corps de Gérard d’Haméricourt, enterré dans la chapelle des jésuites, sera transféré dans la cathédrale de Saint-Omer.

Au cours du XIXème et du XXème siècle l’édifice sera transformé en entrepôt, puis en garage ! On pensa même la détruire au début du XXème siècle.  Fort heureusement, il n’en fut rien, mais le bâtiment restera longtemps à l’abandon.

La chapelle des jésuites fut entièrement restaurée entre 2013 et 2016. Elle accueille désormais des expositions, des événements culturels et se loue pour de l’événementiel privé. Elle se visite également à certaines occasions, comme la journée européenne du patrimoine (JEP).

Description de l’église des jésuites de Saint-Omer

Cet édifice religieux présente quelques spécificités ne passant pas inaperçues :

  • Une façade monumentale à cinq niveaux ;
  • 61 mètres de longueur et une surface de 780m2 ;
  • Deux tours carrées de 40 mètres de haut prenant naissance au niveau du chœur ;
  • Un vrai mélange de style mèlant le baroque, le gothique et l’architecture antique.

Une synthèse de styles architecturaux

La chapelle des jésuites édifiée par Jean du Blocq constitue un mélange des genres.

  • On retrouve par exemple le style baroque, issu de la Renaissance italienne, au travers de sa façade à niveaux et les « masques » de pierre ornant l’édifice.
  • Le style antique avec ses colonnes, ses pilastres, ses frontons et ses têtes de bœufs sculptées en façade. Le portail en pierre bleue de Namur est lui-même inspiré de Serlio, auteur de traités sur l’architecture antique.
  • Style gothique avec ses trois nefs, ses chapelles latérales, ses voûtes à croisée d’ogives… Le tout sans transept. Le bâtiment ne forme ainsi pas une croix et se développe tout en longueur. Une technique favorisant l’acoustique.
  • Un style moderne mêlant brique rouge et pierre de taille.

Retrouvez davantage d’informations sur la chapelle des jésuites et les monuments audomarois sur le site dédié au patrimoine de St-Omer.

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