Il fait bon se balader dans les faubourgs de Saint-Omer ! Situés dans la partie nord de la ville, en périphérie, le faubourg du Haut-Pont et celui de Lyzel s’apparentent à une porte vers le marais. Ces quartiers où l’eau est omniprésente sont profondément liés à l’histoire de Saint-Omer au Moyen Age ainsi qu’aux cultures maraîchères. Découvrons sans plus attendre l’histoire de ces faubourgs ainsi que leurs particularités.

Faubourg du Haut-Pont vu du Pont rouge – Photo: Philippe Hudelle

Histoire des Faubourgs de Saint-Omer

Selon le dictionnaire du Larousse, le terme « faubourg » répond à la définition suivante : « Nom conservé par un quartier situé jadis en dehors de l’enceinte de la ville ».

Cette dernière caractérise bien les faubourgs de Saint-Omer, à savoir, Lyzel et le Haut-Pont.

Historiquement, la ville de Saint-Omer s’est développée sur et autour du mont Sithiu, et s’est étendue vers le marais par vagues d’aménagement successives. Très tôt, la ville connut un certain essor. D’un tout petit bourg dédié à la pêche, elle est devenue un gros village, puis une place de marchés aux alentours du Xème siècle avant de devenir un port maritime vers le XIIème siècle. Attaquée par les vikings lors des incursions normandes, elle se dota de fortifications. Celles-ci étaient initialement faites en terre et en bois. Puis elles se renforçèrent sous Charles Quint avant d’être repensées par Vauban.

Les fortifications cernaient la ville au niveau des boulevards actuels constitués suite au démantèlement organisé entre 1892 et 1894. Il s’agit notamment du boulevard de Strasbourg, du quai du commerce, de la rue de Thérouanne, du Boulevard Clémenceau, du Boulevard Vauban et du Boulevard Pierre Guillain.

Au sud de la ville s’étendaient des champs et un large glacis. Côté marais, les faubourgs se situaient hors les murs et constituaient une place stratégique en cas d’invasion de la ville. Le marais s’apparentait en effet à un rempart naturel et les maisons du faubourg à une zone de glacis. A cet effet, les maisons pouvaient être brûlées en cas d’attaque extérieure.

Les faubourgs du Haut-Pont et de Lyzel furent donc majoritairement occupés par des audomarois de classes populaire ou de maraîchers. Nous y trouvions également jadis diverses manufactures.

Les habitants des faubourgs de Saint-Omer

Historiquement coupés de la ville jusqu’au démantèlement des fortifications, les habitants des faubourgs parlaient flamands. Bien que la commune fût reprise par les français en 1677, la langue de Molière peina à s’imposer dans cette partie de la ville !

Bien souvent ouvriers agricoles, maraîchers ou charpentier naval (faiseurs de Bateaux), les habitants des faubourgs se faisaient appeler Haut-ponnais pour les habitants du Haut-Pont et Lyzelards pour les habitants de Lyzel.

Empreints d’une culture à part en raison de leurs conditions de vie et de leur proximité avec le marais, les haut-ponnais et les lyzelards jouissaient d’une certaine réputation. Nous leur connaissions un fort caractère, d’un goût très prononcé pour le labeur et une certaine fierté ! Il s’agissait de patineur hors pair en hiver et délivraient à la ville certains services, comme la lutte contre les incendies.

Faubourg du Haut-Pont – Photo: Philippe Hudelle

Le faubourg du Haut-Pont

Le faubourg du Haut-Pont doit son nom à un ancien pont dont la hauteur permettait aux belandres et autres bateaux de commerce de circuler aisément sur le canal historique.

Ce quartier typique est en effet traversé par l’ancien canal. Ancien port fluvio-maritime, il constituait au Moyen Age le centre névralgique de la cité de Saint-Omer. Outre les écluses et autres éléments du patrimoine fluvial, il est possible de découvrir (et de visiter) l’église Immaculée Conception restaurée en 2017. Cette église néo-gothique édifiée par Charles Leroy dans les années 1850 fut inaugurée en 1859. Comme elle est installée sur le fond tourbeux du marais, l’édifice penche légèrement à droite. Une véritable tour de Pise!

Le faubourg du Haut-Pont comporte plusieurs rues et places :

  • Rue de la faïencerie où était implantée une grande faïencerie au XVIIIème siècle.
  • Quai du Haut-Pont
  • Rue des Faiseurs de Bateaux, où étaient jadis établis les charpentiers navals de la corporation des faiseurs de nefs.
  • Impasse des clarisses
  • Place de la Ghière où se dresse l’église Immaculée Conception
  • Place du Chrest et ses anciens entrepôts
  • Rue de la poissonnerie
  • Rue de la chapelle
  • Allée des marronniers
  • Chemin du Boteman (que l’on peut traduire du flamand par batelier (boot-man).
  • Les secteurs du marais des îles flottantes, du Stackelwaert et du Ketestrom

Ce faubourg fut de tout temps marqué par de nombreuses activités : charpenterie navale, fabrication de cordages, tonneliers, faïenceries, fonderie, maraîchage, etc.

Il présente un certain charme avec son canal historique, ses ponts, son écluse, ainsi que son habitat groupé et urbanisé. En balade dans le Haut-Pont, il est aisé de distinguer les différentes classes sociales ayant occupés les différents habitats. Les maisons basses et exigues, sans accès aux rivières, appartenaient aux ouvriers, ainsi qu’aux journaliers agricoles. Les maisons hautes et larges, dotées de grandes portes cochères et reliées au marais appartenaient aux exploitants agricoles, voir à certains petits industriels .

Le Faubourg de Lyzel

Le faubourg de Lyzel est, tout comme celui du Haut-Pont, situé à la lisière du marais de Saint-Omer. Ce quartier fait de maisons typiques implantées de manière semi-groupées, de rivières et de ponts pittoresques, présente un caractère plus rural que le Haut-Pont. Il n’est pas rare que l’on surnomme ce quartier la « petite Venise du Nord ». Nombre de ses maisons sont installées au bord de l’eau !

Ce faubourg tient son nom du terme « l’isle », soit, l’île. En effet, avant que le marais ne soit remembré et ne se dote de ponts et de chemin, ce quartier s’apparentait à un véritable îlot.

Organisé le long de la rivière du Dromeweg rattachant Saint-Omer et son abbaye à celle de Clairmarais, Lyzel se développa fortement avec l’arrivée de la gare sur ses terres en 1848. Grâce à ce nouveau moyen de transport, le maraîchage connut une activité croissante. A la fin du XIXème siècle, le marais audomarois comptait 400 familles maraîchères. Nombreuses de celles-ci s’implantèrent dans ce faubourg. Il s’agissait alors des maraîchers de classe moyenne, les maraîchers plus aisés préférant le Haut-Pont qui présentait de nombreuses commodités. Proche de la ville et des places de marché, mais aussi en bordure du canal marchand, le Haut-Pont disposait des terres les plus fertiles en étant implantés sur la zone alluvionnaire du fleuve de l’Aa. Le faubourg de Lyzel était quant à lui plus excentré.

Notons que Lyzel et le Haut-Pont, très imbriqués l’un dans l’autre, présentent des frontières floues. On a tendance à arr^éter le Faubourg de Lyzel au niveau du pont du canal grand Gabarit, sur la route de Clairmarais. Vers la ville, le faubourg du Haut-Pont et de Lyzel se partagent l’allée des maroniers, la rue de la poissonnerie (la frontière étant marquée par la rue de la chapelle) et le chemin du Boteman.

Le quartier de Lyzel (étendu) comprend en outre les rues, places et lieux-dits suivants :

  • Rue St Martin et route de Clairmarais,
  • Chemin du marais de Lyzel,
  • Marais du Brockus (signifiant en flamand « Maison du marais »)
  • Rue des maraîchers
  • Chemins du Roiesoff, du Keteland, de la petite Meer, du Herm et des baraquements.
  • Chemin Fardel
  • Place Alfred Gilliers
  • Zone de la gare
  • Une partie du Lieu-dit du Malixoff
Maisons traditionnelles, marais de Lyzel
Le faubourg typique de Lyzel

Le Doulac, le troisième faubourg

Le faubourg du Haut-Pont étendu intègre également le Doulac, véritable mini faubourg maraîcher à part entière intégrant le chemin du pont, la rue du Doulac, le chemin Bareon et le chemin du Kempoucke.

Ce faubourg mène au marais Dambricourt et au canal grand Gabarit traversant une partie du marais, de Watten à Arques.

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