Les étangs du Romelaëre : un écosystème remarquable

 

A cheval sur le marais de Saint-Omer, de Clairmarais et de Nieurlet, les étangs du Rommelaere recèlent des richesses naturelles. Ce n’est pas fortuit si cette zone du marais audomarois est classée réserve naturelle nationale ! Elle constitue également le cœur de la réserve de biosphère (MaB Unesco) du pays audomarois. Accessible toute l’année sauf en hiver, la réserve présente trois circuits pédestre pour découvrir la faune et la flore des lieux, ainsi qu’un chemin de randonnée à proximité. Pour organiser votre visite de la réserve du Romelaere, l’équipe de la Grange Nature à Clairmarais vous accueille à bras ouverts !

Découvrons sans plus tarder l’histoire de cette réserve ainsi que sa faune et sa flore !

Une brève histoire des origines du marais audomarois

Au septième siècle, les moines Bertin, Momelin, Ebertram, supervisés par l’évêque Audomar, débarquèrent sur le territoire de ce que l’on nomme aujourd’hui l’Audomarois. Leur but ? Multiplier les lieux de culte et les communautés en Morinie afin d’évangéliser la peuplade des Morins.
En ce temps là, le marais audomarois n’était qu’un vulgaire marécage. Un marigot boueux, inondé, glabre et inhospitalier, fréquenté uniquement par quelques pêcheurs. Il fallut des siècles de dur labeur pour aboutir à cet incroyable espace naturel que nous connaissons tous aujourd’hui !
Aujourd’hui, le moindre recoin du marais audomarois nous conte l’histoire incroyable de ces travailleurs. Ces « creuseurs de watergangs » et ces « faiseurs de polders » œuvrèrent sans relâche des siècles durant pour favoriser l’écoulement des eaux et assécher les parcelles de terre pour les rendre cultivable. Autres traces parlantes de ce passé, la Haute et la Basse-Meldyck, deux canaux qui nous rappellent les premiers aménagements des moines de Saint-Bertin et des comtes de Flandre. La Petite et la Grande Meer, quant à elles, témoignent de l’existence jadis au cœur du marais d’un énorme lac sde plus de cent hectares. Les polders enfin, nous révèlent les astuces mises en œuvre dès la fin du XVIIème siècle pour sortir des eaux une multitude de terres maraîchères…

Les étangs du Rommelaere, une ancienne tourbière

Le marais audomarois est splendide lorsqu’il se visite au fil de l’eau. Il est encore plus surprenant vu du ciel ! Si vous n’avez pas eu un jour l’occasion de le survoler en avion ou en montgolfière, les nombreuses photos aériennes disponibles sur Internet vous donne un aperçu. Vu de haut, le marais audomarois fait figure de gigantesque mosaïque nous dévoilant ses 700 kilomètres de watergangs, ses milliers de parcelles ainsi que sa cinquantaine d’étangs. Certains ont été spécifiquement creusés pour la chasse et la pêche autrefois. D’autres sont les vestiges de l’exploitation de la tourbe du Moyen Âge au XIXème siècle. Il s’agissait, avant l’exploitation des houillères, du seul moyen de se chauffer ! L’une de ces tourbières attire particulièrement le regard eu égard à la surface qu’elle occupe. Il s’agit de la zone des étangs du Romelaëre qui occupe plus d’une centaine d’hectares !

Etangs du marais audomarois – Philippe Hudelle

La Réserve Naturelle du Romelaere, centre de la Réserve de Biosphère.

Aujourd’hui, les étangs du Rommelaere affichent quelques titres à la hauteur de leurs richesses floristiques et faunistiques : Réserve Naturelle Nationale et réserve de biosphère. Au départ de la Grange Nature (rue du Rommelaere à la lisière de la forêt de Clairmarais), quelques sentiers aménagés nous invitent à découvrir cet écosystème incroyable.

La faune des watergangs

Cet écosystème se compose notamment de nombreux watergangs, biotope idéal pour une vie insoupçonnée. Effectivement, les fossés et les petites rivières exiguës participant au drainage des terres accueillent une riche biodiversité. Nous retrouvons en bordure plusieurs espèces de libellules, tandis que les eaux grouillent d’amphibiens (grenouilles vertes et rousses, salamandres, tritons…). Nous retrouvons également dans ces eaux provenant de l’Aa 26 espèces de poissons.
Au sein du marais et notamment dans les étangs du Rommelaere, lieu hautement préservé, nous pouvons croiser pléthore d’autres animaux. C’est le cas des insectes en tout genre, des chauves souris, des papillons, mais aussi des oiseaux.
Outre les oiseaux communs des milieux humides (canards, foulques, grèbes, cygnes, hérons cendrés, aigrettes garzette, butors étoilés, busards des roseaux) c’est bien 200 espèces d’oiseaux qui élisent domicile dans notre marais. Ils y vivent à l’année, ou logent ici et là quelques mois. Le blongios nain fait partie de la seconde catégorie. Fierté locale, le « plus petit héron d’Europe » revient chaque année d’Afrique au mois de mai pour s’accoupler en France. 10% de la population française de blongios se retrouve dans le Rommelaere, ce qui représente une belle colonie !

La flore du Rommelaere

Les férus de botanique et notamment de plantes des milieux humides, ne sont pas en reste. Les eaux des étangs du Romelaere sont en effet propices au développement de plantes hydrophytes (plantes vivant dans l’eau) à l’instar des lentilles et des nénuphars.
Les berges, quant à elles, regorgent de variétés hélophytes. Comprenez par là, de plantes vivant les pieds dans l’eau et la tête à l’air. C’est le cas pour la massette, le roseau, la massette, le jonc fleuri, l’iris d’eau…

Sur les berges s’épanouissent également les « saules tétard ». Ces saules blancs tiennent leur nom de leur ressemblance avec le petit de la grenouille une fois qu’ils sont élagués. Ils affichent en effet une grosse tête verte en été ! Pourquoi une telle forme ? C’est bien simple : les habitants du marais élaguent et étêtent tous les cinq ans les saules afin de le maîtriser et de lui éviter un développement anarchique. C’est ainsi que leurs troncs conservent une taille « à hauteur d’homme » et affichent à leur extrémité une sorte de « boule ». L’opération régulière d’étêtage apportait jadis du bois de chauffage, des manches d’outils ainsi que des pieux et des branchages servant à renforcer les berges. On appelle cette opération le « fascinage ». Cet arbre présente de surcroît d’autres vertus : ses racines maintiennent les berges et son tronc devenant creux avec l’âge abrite divers animaux essentiels pour la biodiversité comme le hérisson ou la chouette.

Les prairies humides, quant à elles, présentent une grande variété de plantes hygrophiles telles que les orchidées et les renoncules, adorant les sols gorgés d’eau mais non inondés.

Un parcours pédagogique

Au fil des chemins de balade, on apprécie le parcours pédagogique balisé (adapté aux visiteurs en situation de handicap). Ce dernier nous dévoile toute cette vie interdépendante reposant sur un équilibre fragile. Par ailleurs, un système d’audio-guide nous révèle les différents paysages spécifiques au milieu ainsi que les aménagements employés par les hommes pour concilier activité humaines et respect de l’environnement. C’est le cas notamment pour le système de bocages (haies bocagères entre les champs fixant le sol et développant la biodiversité) ou le système des pâturage extensifs.

Une balade à faire et refaire, en couple, entre amis ou en famille, pour se dépayser tout en apprenant davantage sur notre histoire ainsi que sur les mécaniques de Dame Nature !

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