L’année 1677 marquera un grand tournant dans l’histoire de Saint-Omer, qui reçut la visite d’un invité de marque : l’un des plus grands monarques français, protecteur des arts et des sciences, seigneur de guerre hors pair… Louis XIV, le Roi Soleil en personne ! Cette visite fit suite à un court siège de quelques jours succédant la bataulle de la Peene. Ce jour là, Saint-Omer devint une commune française et se détacha de la bannière flamande.
La bataille de la Peene
Replongeons dans notre histoire : au début de l’année 1677, notre territoire est encore rattaché à la couronne espagnole, mais le roi de France compte bien récupérer la partie septentrionale du territoire. Après la fameuse bataille de la Peene, remportée par d’Humières sous les ordres du duc d’Orléans, les troupes françaises prirent la direction de Saint-Omer en avril.
La victoire fut rapide. L’acte de capitulation fut signé le 19 et les soldats espagnols chassés de la ville manu militari avant que le duc ne fasse son entrée triomphale. Cela ne plut qu’à moitié à son frère, Louis XIV, qui tenait particulièrement à cette conquête. Si une entrée en grande pompe devait être organisée à Saint-Omer, lui-seul devait tenir le haut de l’affiche !
L’entrée royale à cheval dans la cathédrale de Saint-Omer
Ainsi, le 30 avril, aux alentours de cinq heures de l’après-midi, le roi, vêtu de ses plus beaux habits d’apparat, passa la porte de Calais juché fièrement sur son cheval en compagnie d’un cortège de grands seigneurs et de ses gens d’armes. Le grand souverain avait conquis le cœur de bon nombre et tout Saint-Omer se pressait sur son passage pour l’acclamer chaleureusement ! Les partisans du roi d’Espagne ne firent pas non plus l’économie d’ovations… Quand on veut faire de vieux os, il est de bon ton de se ranger du côté des vainqueurs…
Après avoir reçu les clefs de la ville, le roi soleil se rendit directement à l’abbaye Saint-Bertin et visita ensuite les installations militaires avant de faire un détour par le marais pour découvrir une curiosité locale attirant jadis tout bon voyageur qui se respecte: les iles flottantes, larges amas de végétaux et de tourbe s’apparentant à des radeaux à la dérive. Après une nuit au sein du palais épiscopal (aujourd’hui palais de justice), le roi fit un passage par la cathédrale en entrant à cheval par le portail nord, avant de reprendre la route vers Aire-sur-la-Lys.
Les suites de la bataille de la Peene
Saint-Omer sut séduire le monarque : le 22 juillet 1680, en se rendant à Ambleteuse où un nouveau port devait être construit, il revint en touriste, cette fois-ci accompagné de la famille royale au grand complet et de sa somptueuse cour! Tout ce beau monde dormit à l’hôtel du gouverneur, à l’emplacement de l’actuel hôtel Sandelin et visita le territoire durant deux jours.
Depuis le rattachement à la France, une vie nouvelle s’offrit aux audomarois : les privilèges de la ville furent réaffirmés, les remparts furent renforcés, les casernes édifiées, le canal de Neufossé aménagé un peu plus tard… Autant de projets reflétant les ambitions démesurées de celui qui fit sienne la célèbre devise « Nec pluribus impar » (que l’on pourrait traduire par « Au-dessus de presque tous »…).
Le lendemain de Noel 1680, la Grande Comète traversa le ciel audomarois et fut perçue comme un signe divin lié à l’attachement de Saint-Omer à la France… Le monarque sacré protégeait désormais la cité audomaroise.
Aujourd’hui, la Maison de la Bataille de la Peene à Noorpeene est un musée consacré à ce tournant de l’histoire.
Auteur: Jérémie Flandrin – Article paru dans le magazine Audomarwouah d’octobre 2016