Il y a près de 14 siècles, les moines Bertin, Momelin, Ebertram et l’évêque Audomar débarquèrent sur notre territoire afin d’évangéliser les Morins. A cette époque, notre marais s’apparentait à un vulgaire marécage boueux et inhospitalier. Il fallut des siècles d’aménagement pour aboutir au paradis terrestre que nous connaissons tous aujourd’hui.

Un marais façonné par l’activité humaine

Le moindre recoin de cet « espace naturel artificiel » nous conte l’incroyable aventure humaine ayant écrit l’histoire des lieux : la Haute et Basse-Meldyck nous rappellent les premiers aménagements des moines de Saint-Bertin et des comtes de Flandre, la petite et la grande Meer témoignent de l’existence d’un énorme lac s’étalant jadis sur des dizaines d’hectares, tandis que les polders nous révèlent les astuces mises en œuvre dès la fin du XVIIème siècle pour sortir des eaux une multitude de terres maraîchères…

Vue du ciel, cette gigantesque mosaïque nous dévoile ses 700 kilomètres de watergangs, mais également de nombreux étangs, vestiges de l’exploitation de la tourbe participant à l’économie audomaroise du Moyen Âge au XIXème siècle. L’une de ces tourbières attire particulièrement le regard en raison de sa taille considérable : la zone des étangs du Romelaëre.

Lègres dans le marais audomarois – Marais vu du ciel, photo de Philippe Hudelle (Balade en Audomarois)

La Réserve du Romelaere, centre de la réserve de biosphère de l’UNESCO

Aujourd’hui Réserve Naturelle Nationale et réserve de biosphère, cet espace singulier regorgeant de trésors écologiques n’a pas volé ses titres ! Au départ de la Grange Nature, de multiples sentiers nous exhortent à découvrir cet écosystème incroyable.

La faune de la réserve

Celui-ci se compose notamment de nombreux watergangs où se développe une vie insoupçonnée. Ces fossés participant au drainage des terres accueillent en effet une riche biodiversité. Au bord de l’eau se complaisent notamment plusieurs espèces de libellules, tandis que les eaux grouillent d’amphibiens (grenouilles vertes et rousses, salamandres, tritons…) ainsi que de poissons dont l’on recense 26 espèces.

Busard des roseaux dans la réserve du Romelaere – crédit: Philippe Hudelle (Balade en Audomarois)

La flore

La flore fait également le bonheur de toute personne férue de botanique : les eaux sont en effet propices au développement de plantes hydrophytes à l’instar des lentilles et des nénuphars.  Les berges, quant à elles, regorgent de variétés hélophytes croissant la tête en l’air et les pieds dans l’eau, comme c’est le cas pour le roseau, la massette, l’iris et le jonc fleuri. Nous y rencontrons également le saule têtard. Figure emblématique de nos paysages, ce saule blanc commun régulièrement élagué, prend avec l’âge « la grosse tête » et ressemble ainsi à une larve de grenouille. L’opération régulière d’étêtage apportait jadis du bois de chauffage, de solides manches d’outils ainsi que des pieux et des branchages servant à « fasciner » les berges. Cet arbre présente de surcroît d’autres vertus : ses racines maintiennent les berges et son tronc creusé par le temps constitue un biotope idéal pour pléthore d’animaux, dont la chouette chevêche qui s’y abrite.

Les prairies humides, quant à elles, présentent une grande variété de plantes hygrophiles telles que les orchidées et les renoncules, adorant les sols gorgés d’eau mais non inondés.

Iris d’eau – crédit: Philippe Hudelle (Balade en Audomarois)

Un parcours pédagogique

Au gré des sentiers, un parcours pédagogique nous dévoile toute cette vie interdépendante reposant sur un équilibre somme toute fragile. Ce dernier se doit d’être respecté par l’être humain à l’occasion de ses activités diverses. Certaines techniques d’élevage et d’aménagement agricole permettent notamment d’impacter positivement le milieu, à l’instar des pâturages extensifs ainsi que des haies bocagères.

Une balade bucolique au cœur de ces paysages séculaires permet également de faire la connaissance de nombreuses espèces de papillons, d’insectes, mais surtout d’oiseaux peuplant les lieux : canards, foulques, grèbes, cygnes, hérons cendrés ou garde-bœufs, aigrettes garzette, butors étoilés, busards et bruants des roseaux… Il y a de la vie ! 200 espèces d’oiseaux élisent en effet domicile dans notre marais. Parmi celles-ci, le blongios nain fait figure de fierté locale. En effet, ce petit échassier revient chaque année d’Afrique au mois de mai pour s’accoupler en France, notamment dans notre réserve qui accueille régulièrement une importante colonie.

La réserve du Romelaëre nous offre ainsi un bon bol d’air tout en nous permettant de (re)découvrir notre histoire et nos traditions. Elle nous apporte également un nouveau regard sur les zones humides, participant à la dépollution de l’eau, à l’alimentation des nappes phréatiques, à l’absorption du CO2 ainsi qu’à la limitation des crues…

Parcours pédagogique dans la réserve du Romelaere – crédit: Philippe Hudelle (Balade en Audomarois)

La Grange Nature

Si la Réserve du Romelaere s’étend entre Saint-Omer, Clairmarais et Nieurlet, seul le village de Clairmarais y permet l’accès. Avant d’emprunter les premiers sentiers, n’hésitez pas à franchir le seuil de la Grange Nature. Ce mini-musée dédié à la réserve, au marais ainsi qu’à la forêt de Rihoult Clairmarais propose plusieurs services. La Grange nature dispose d’un parking voiture et bus, d’un espace exposition, d’une boutique pour les enfants et les grands, un large choix de livres et de documents sur le marais. Il vous est également possible de demander un audio-guide pour faciliter votre visite.

A noter que la Grange Nature propose enfin des visites guidées pour les groupes adultes et scolaires. Renseignements sur le site d’Eden 62.

Grange Nature, porte de la Réserve du Romelaere

Vous aimerez aussi